MO ARMEN



En 1997, je commence mes premiers tags et persos avec pour médiums cirage à chaussure (embouts larges) et murs de blockhaus (bien lisses). Je commence la peinture à l’huile à la même période.
En 2006, j’obtiens mon diplôme aux beaux-arts.
J’aime la volupté, la densité, la temporalité de la peinture à l’huile, et le travail introspectif de l’atelier, à fleur de peau, urgent.
J’aime l’âme et le corps vus par l’âge baroque.
J’aime le geste du corps, la transparence, les dégradés crépusculaires, les couleurs électriques que permet la bombe aérosol, le contact de la rue, des murs: la grandiloquence, ainsi que la rencontre avec les gens:  pied-à-terre avec le réel.
J’invente des femmes androgynes, peu terrestres, angéliques, moins vulnérables à souffrir de leur appartenance au genre féminin, et où l’espace qu’elles occupent valorise leur puissance sans les déifier. Etant moi-même prisonnière de ma propre image de femme mais sans volonté de la renier pour autant, mon désir est de frayer sur la toile ou sur les murs un chemin où la sexualisation est différente: un potentiel, une énergie primitive (Mater) qui coule en nous avec la même puissance que dans le vivant en général, et qui nous invite à une plus grande acuité relationnelle, à un langage plus global où nature et culture ne sont plus si distincts. Je cherche à ce que ma peinture soit un lieu pour la sororité, l’adelphité, un lieu pour le droit de s’inventer, en lien...
Ces femmes dans mon travail jouent le rôle de seuil avec les  mondes invisibles qui nous entourent; nos fantômes, les énergies antagonistes de la nature, de la matière, du ciel, ces formes de vie avec lesquelles nous devons entrer en contact pour restaurer un chemin abimé; le chemin vers l’Autre.
Différentes dimensions du monde, styles et histoires cohabitent, se percutent, vivent et meurent. Je m’intéresse aux états de passages et aux rites associés, à l’aube, au crépuscule, à la douleur qui réside dans chaque moment où la vie exige de nous élever et aux formes que cela peut prendre. Les contours de nos identités sont fragiles et le monde qui vient nous appelle à vaciller encore plus vers des desseins qui nous dépassent. Je souhaite peindre la transformation et la présence.