Jimmy CADET




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Jimmy Cadet revisite un genre traditionnel de l’histoire de la peinture : la nature morte. Il s’empare des éléments de la vie intime et domestique pour dresser un portrait ambivalent de la société réunionnaise. En ce sens, il travaille la dimension critique et politique d’un genre artistique habituellement affilié, selon les mots de Matisse, au luxe, au calme et à la volupté. La société réunionnaise y est perçue de l’intérieur. Les natures mortes sont composées de fleurs, de bouteilles en plastiques, de cannettes de sodas, de boîtes de médicaments, de crânes d’animaux, de bougies, de bidons ou encore de vaisselle en porcelaine raffinée. Il fait dialoguer des éléments élégants et bourgeois, avec d’autres motifs nous envoyant à différentes formes d’addictions et à un mal-être sous-jacent. Deux réalités sociales cohabitent au sein d’un même espace, d’une même composition. Cette promiscuité engendre des tensions accentuées par d’autres éléments perturbateurs et intrusifs. Sous les natures mortes apparaît une autre réalité : des nappes déchirées, des amas de peintures qui interfèrent avec les éléments sophistiqués, des coulures, des tubes, des projections et des agrégats de câbles électriques. On observe également des départs d’incendie ou des explosions de matières sombres. Cette vie souterraine indique une menace imminente, une défaillance et une profonde inquiétude. Jimmy Cadet porte un constat critique sur l’avenir d’une société aux fondations fragiles. Une société sous perfusion, alimentée par des câbles précaires et bricolés, qui menace d’imploser à tout instant. Sous la fine couche du vivre ensemble idéalisé gronde les injustices et les failles d’un système caduc.

Julie Crenn